Fraise de Nîmes
"La Gariguette" : une des principales variétés des fraises de Nîmes
Les auteurs
Fiche réalisée d’après les travaux des élèves de Seconde Générale option EATDD du Lycée agricole Marie Durand de Nîmes-Rodilhan, suite à leur étude du territoire des Costières.
Validée par l’association des producteurs de Fraises de Nîmes.
Description
La fraise est un fruit rouge, même si, botaniquement, il s’agit d’un réceptacle floral, les vrais fruits étant les akènes, petits grains que l’on trouve à la surface. Elle est vendue en frais, avec son pédoncule et son calice vert.
La Fraise de Nîmes est produite au sud de la ville, sur les Costières et cultivée en pleine terre sous abri. Elle arrive précocement sur le marché, début mars. C’est la première fraise française de l’année, cultivée en pleine terre, à arriver sur nos étals. Parmi les 600 variétés de fraises existantes, deux sont actuellement retenues par l’Association des Producteurs de Fraises de Nîmes, la Gariguette et la Ciflorette.
* La Gariguette est fine et allongée, de couleur vermillon. Moyennement ferme, elle est très aromatique avec une saveur sucrée et acidulée
* La Ciflorette (ici à droite) est allongée de couleur orangée à rouge brique. Assez ferme, elle est très parfumée. Sa saveur sucrée et acidulée, aromatique, rappelle un peu la fraise des bois.
Historique
* Connus dans l’Antiquité uniquement sous leurs formes sauvages (fraises des bois), les fraisiers européens ne commencent à être cultivés qu’au XIVème siècle, notamment dans le Nord de la France. Le traité d’Olivier de Serres atteste cependant qu’on en produisait aussi dans le Midi vers 1600.
Cette culture restera modeste jusqu’au XVIIIème siècle et les Tableaux du Maximum établis en 1793-1794 mentionnent rarement ce produit.
Sur le marché de Perpignan, les fraises précoces peuvent se négocier jusqu’à la somme passablement exorbitante d’une livre et deux sous (par livre de poids), soit presque le double des fraises dites de « seconde époque », et le triple de celles de « troisième époque ».
A Quillan dans l’Aude, on ne connaît que la fraise des bois, tandis que les fraises de jardin présentes à Sommières dans le Gard semblent peu estimées. Il est donc vraisemblable que les espèces américaines n’avaient pas encore pénétré la région. Le fraisier de Virginie apparaît en 1624 dans un catalogue des Robin à Paris, et le fraisier du Chili, à gros fruits, importé en France en 1714 par l’amiral et ingénieur français Frézier (!), devient une spécialité de Plougastel en Bretagne dès 1740.
Les fraisiers modernes, issus de l’hybridation des deux espèces américaines, se répandent à partir de 1750.
* C’est au XIXème siècle avec la multiplication des hybrides et de nouvelles variétés que la culture de la fraise prend son véritable essor. A la Belle Epoque, Ardouin-Dumazet la rencontre surtout dans la région d’Hérépian « dont les plants (de fraisiers) sont si serrés et verts que l’on croirait voir des prairies »…et le voyageur de préciser « C’est à l’irrigation que l’on doit cette fraîcheur si étonnante dans ce climat sec et brûlant ». Un peu plus loin, sur les pentes du Caroux et dans la vallée de l’Orb, les alentours du Poujol sont également consacrés à une culture rendue possible par l’irrigation. Sans avoir le prestige de leurs sœurs aquitaines, les fraises du Languedoc sont assez estimées pour figurer dans le Trésor Gastronomique de France établi en 1933 par Curnonsky et Croze.
* La production de fraises dans les Costières de Nîmes connaît son essor au début des années 1960, parallèlement à l’implantation d’autres cultures fruitières et légumières, sous l’influence de plusieurs facteurs : développement d’un réseau d’irrigation (canal de la compagnie d’Aménagement du Bas Rhône Languedoc), collaboration de l’INRA d’Avignon-Montfavet (qui créera la Gariguette), dynamisme de nouveaux producteurs arrivés d’Afrique du nord…
Très vite, les producteurs de fraises constatent que les caractéristiques pédoclimatiques de la zone permettent d’obtenir une production précoce et pour certaines variétés, de bonnes qualités gustatives. La précocité de la production est renforcée par l’usage systématique de tunnels ou abris sous bâche plastique pour protéger les fraises du Mistral qui abîme feuilles et fruits. Dès 1968 le Languedoc oriental fait partie des régions les mieux équipées de France. La production du Gard s’élève alors à 5000 quintaux sur une soixantaine d’hectares, sur le plateau des Costières, avec la variété précoce Surprise des Halles, et les Cévennes, avec la variété peu précoce Madame Moutot.
Quand la Gariguette est introduite sur le marché des plants en 1977, elle est appréciée par les fraisiculteurs aquitains mais aucun agriculteur local (à l’exception d’un couple des Costières) ne veut la cultiver, son rendement étant jugé trop faible (200 à 600 grammes par plants). Mais l’intérêt gustatif de la variété, finira par conduire les producteurs de fraises de Nîmes, à privilégier la qualité par rapport à la quantité !
Dans les années 80, la concurrence de la fraise espagnole sur le marché précoce, et celle du sud-ouest pour le marché de milieu et fin de campagne, entraînent le déclin de la fraise gardoise. Elle s’est cependant stabilisée autour de 40 hectares depuis les années 90.
Aujourd’hui les Costières abritent plus de 50% des surfaces du Gard cultivées en fraises. La marque collective Fraises de Nîmes a été déposée en 2001 à l’INPI et une demande d’IGP est en cours.
Terroirs et productions
Les Fraises de Nîmes proviennent des Costières, vaste plateau très caractéristique sur le plan géologique, séparé des garrigues (au nord) par la plaine du Vistre et de la mer (au sud) par la Petite Camargue. Ce terroir qui s’étend sur 28 communes est particulièrement favorable à la fraise en raison des activités agricoles qui y dominent, de son sol, de son climat et de son aménagement hydraulique.
* D’abord, la fraise s’intègre particulièrement bien au calendrier de travail des producteurs locaux qui sont avant tout arboriculteurs ou viticulteurs. En effet, ce premier fruit de l’année, se récolte au mois de mars, à la « saison morte » pour la vigne ou les vergers, pour se terminer à la mi-mai avec les premiers fruits à noyau.
* Ensuite, le fraisier apprécie les sols très drainants, se ressuyant et se réchauffant vite, avec peu de calcaire. Les sols des Costières ont ces propriétés ! Le plateau des Costières situé entre 20 et 147 mètres d’altitude est en effet formé d’alluvions anciennes déposées au quaternaire par le Rhône et la Durance, et comportant de nombreux galets. Ces galets ont un double effet bénéfique. Ils restituent la nuit la chaleur emmagasinée le jour, favorisant la précocité des fraises, et ils permettent l’infiltration de l’eau dans le sol.
* Enfin, le climat aux hivers plutôt chauds et à l’ensoleillement élevé favorise la précocité des fruits tandis que le Mistral parfois important dessèche l’air, ce qui limite les maladies des cultures mais pousse les producteurs à cultiver leurs fraises sous abri pour éviter que les fruits ne s’abîment.
Par contre, la pluviométrie très irrégulière, avec des pluies essentiellement d’automne (épisodes cévenols) rend obligatoire l’irrigation. L’aménagement hydraulique des Costières par la compagnie du Bas Rhône Languedoc dans les années 60 a donc été vital pour la zone…et les fraises.
Géologie, climat et production sous abri expliquent ainsi que la fraise de Nîmes soit la plus précoce des fraises françaises de pleine terre (au moins 15 jours avant les fraises du bassin de Carpentras), disponible sur les marchés dès début Mars.
A ce jour, sur la zone des Costières, les adhérents de l’Association des Producteurs de Fraises de Nîmes représentent 9 hectares soit 30 % des surfaces cultivées en fraises sur cette zone. La production de Fraises de Nîmes estestimée à 60 t environ. La commercialisation passe par plusieurs opérateurs de mise en marché, coopératives, producteurs expéditeurs, grossistes… Les producteurs commercialisent également en direct et servent la clientèle de proximité. Dans la région, le Gard est le premier département producteur de fraises, suivi de l’Hérault.
Savoir-faire
La Fraise de Nîmes est cultivée en pleine terre et récoltée sous abri. Au regard des caractéristiques climatiques de la zone géographique (vent violent, régime des pluies contrasté), ce mode de culture permet de protéger les fruits, garantir leur propreté et leur brillance. De plus, ce mode de production sous abri permet d’obtenir un gain thermique, gage de la précocité de la Fraise de Nîmes.
La récolte a lieu en moyenne un jour sur deux. Les fraises sont cueillies et mises directement dans l’unité consommateur (barquette 250 g ou plateau 2 kg Fraises de Nîmes) en bord de champ afin de limiter leur manipulation.
Pour bénéficier de la marque Fraises de Nîmes, le fruit doit être sain, non déformé, brillant et exempt de souillure. Il doit avoir un taux de sucre minimum de 7.5 ° Brix et présenter une coloration minimale (code couleur CTIFL).
Les fruits commercialisés sont lités (ordonnés) quel que soit le type de conditionnement utilisé (barquette, plateau), le calibre est homogène.
Les Fraises de Nîmes appartiennent aux variétés choisies par l’Association, à ce jour, deux variétés Ciflorette et Gariguette.
Usages
Très sucrées, les Fraises de Nîmes se dégustent « nature ». On peut aussi les accompagner de fromage blanc, de crème fraîche ou de Chantilly.
Elles entrent dans la composition de salades de fruits rouges et de pâtisseries (gâteaux divers, tartes…)
Préparer, Cuisiner, Déguster
-
Recettes gourmandes
Tarte toute simple aux Fraises de Nîmes
Ingrédients :
Pour 4 personnes :
- 1 pâte brisée sucrée
- 250 g de fraises Gariguette
- fromage blanc battu sucré vanillé
- sucre en poudre
Préparation :
- Beurrez un plat à tarte ou étendez un papier sulfurisé. Déposez la pâte. Piquez-la à l'aide d'une fourchette. Recouvrez d’une feuille d’aluminium ou de papier sulfurisé puis de grains de riz ou de haricots secs puis faites cuire 20 minutes environ à 180°C (Th 6). Retirez légumes et papier et prolongez la cuisson de 3 à 4 minutes pour une pâte plus croustillante.
- Lavez puis équeutez et taillez en 2 dans le sens de la longueur les Gariguettes.
- Etalez le fromage blanc sucré vanillé sur le fond de tarte cuit et refroidi. Posez les moitiés de fraise. Sucrez. Dévorez !
D’après : www.com3pom.fr/Recette/1045_tarte_toute_simple_a_la_gariguette
Tarte aux fraises à la Fourquesanne
Ingrédients :
- 200 g de riz longs grains de Camargue
- 1 litre de lait
- une gousse de vanille
- 100 g de sucre en poudre
- le jus d’une orange
- 25 cl de crème fraîche
- 800 g de fraises
Préparation :
- Après y avoir ajouté le sucre, la vanille, faites chauffer le lait, portez-le à ébullition et laissez cuire doucement pendant 30 minutes.
- Pendant ce temps, lavez et équeutez les fraises. Saupoudrez-les de sucre, arrosez-les avec le jus d’orange et laissez-les macérer pendant une heure au frais.
- Lorsque le riz est cuit, égouttez-le, versez-le dans un moule en forme de couronne, tassez-le.
- Au moment de servir, démoulez le riz avec précaution sur un plat rond. Décorez le pourtour avec des fraises et placez le reste au centre. Versez le jus de macération sur le riz.
- Servez très frais en présentant la crème fraîche à part.
(Source : « La cuisine du soleil », Simone Lheureux - Editions Lacour - 1986)
SOURCES
- « Inventaire du patrimoine culinaire de la France, Languedoc-Roussillon, produits du terroir » - Editions Albin Michel/CNAC - 1998
- Cahier des charges de l’IGP « Fraises de Nîmes » : http://www.fraisesdenimes.com/lassociation.php
- Histoire, source principale : inventaire CNAC cité ci-dessus, dans lequel figurent les auteurs et ouvrages mentionnés
PHOTOS
- Ciflorette, Garriguette, plateau « Fraises de Nîmes » : association des Producteurs de Fraises de Nîmes
- Tarte et fraises à la Fourquesanne : Claudine Roucayrol, Lycée agricole Marie Durand de Nîmes-Rodilhan