Pâques en Provence
Sommaire : Les rameaux - La semaine sainte - Dimanche de Pâques - Lundi de Pâques - Au delà de la Provence -
Pâques est avec Noël la plus grande fête de la Chrétienté. Donc, en Provence, comme ailleurs, du Moyen-Age jusqu’à la seconde partie du XXème siècle, c’est la célébration religieuse qui détermine les coutumes et traditions et surtout les comportements alimentaires : Quarante jours de carême, du mardi gras au dimanche de Pâques.
L’influence des célébrations religieuses a considérablement diminué au cours des dernières décennies, et aujourd’hui beaucoup de traditions sont tombées en désuétude. Il en reste néanmoins un certain nombre de traces… En particulier dans nos assiettes.
Les rameaux
Tout commence avec la fête des Rameaux, le dernier Dimanche avant Pâques. C’est aussi la dernière célébration joyeuse, avant la terrible « semaine sainte ». Cette fête commémore l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, sous les palmes agitées sur son passage par ses fidèles, d’où le nom provençal « Li rampau » (Les palmes). Comme ailleurs, on se rend à la messe, avec un rameau à faire bénir.
Ici, en Provence c’est une branche d’olivier ou de laurier. Ce rameau béni sera ensuite accroché au mur et conservé toute l’année, pour protéger la maison et ses habitants. On attend de lui, en particulier, qu’il écarte les orages et la foudre. On ne jette pas le rameau de l’année passée, on le brule ou on l’enterre.
Ce Dimanche des Rameaux, après la messe, on se réunit en famille ou entre amis pour partager le repas. Celui ci est maigre bien sûr puisque l’on est en plein carême, mais préparé avec soin et recherché. On y fait la part belle aux poissons, frais ou fumés, selon qu’on habite sur la côte ou dans l’intérieur. On les accompagne traditionnellement de légumes secs, en particulier les pois chiches. Manquer de pois chiches le jour des rameaux exposerait croit-on, à manquer de nourriture toute l’année.
La Brassados de Pâques
La semaine sainte
En Provence, on connaît assez peu durant la semaine sainte les dévotions démonstratives qui accompagnent ailleurs les processions de pénitents (en Espagne par exemple) sauf dans la région niçoise, où les confréries de pénitents étaient encore nombreuses durant le premier tiers du XXème siècle. Ailleurs, on se contentait de suivre à l’Eglise, les offices des ténèbres (mercredi, jeudi, vendredi saints). A la fin de ces offices, on éteint toutes les lumières pour évoquer l’obscurité qui envahit la terre à l’heure du supplice du Christ. La solennité et l’émotion de ces évocations n’empêchaient pas, bien au contraire, les gamins des villages de faire le plus de bruit possible en agitant des crécelles, ou des boites remplies de cailloux.
Le repas du vendredi saint c’est traditionnellement l’aïoli, une coutume toujours en honneur. Aujourd’hui composé de multiples légumes et de poissons, il était dans les siècles passés beaucoup plus frugal, et surtout, la sauce était montée sans œuf (interdit en temps de Carême).
Recettes gourmandes
- Aïoli garni - Brandade de morue - Daurade à la provençale - Morue en raïto - Navettes provençale
Dimanche de Pâques
Silencieuses depuis le jeudi soir car elles sont censées être parties à Rome, les cloches sont de retour et carillonnent à la volée. Dans les jardins et les maisons, les enfants cherchent les œufs que les parents ont dissimulés un peu partout, au nom des cloches supposées les avoir semées sur leur passage. Mais ceci est une coutume plus récente et plutôt citadine (au début tout au moins). Au XIXème siècle, on cherchait et ramassait les œufs dès le vendredi saint. Pondus ce jour là, ils avaient la réputation de se conserver sans se gâter, et même de protéger la famille l’année durant. En raison du Carême, on attendait le jour de Pâques pour les consommer, très souvent durs, intégrés à une brioche de fête. Ou alors, on chargeait les enfants d’aller les offrir à ceux que l’on voulait remercier ou honorer dans le village.
Le repas de Pâques traditionnel réunit la famille autour d’un rôti d’agneau, gigot, épaule ou carré, piqué d’ail et garni de légumes nouveaux. Le repas s’accompagne du pain pascal à l’anis.
Recettes gourmandes
- Epaule d’agneau, confit d’oignons, purée de mi-secs - Gigot d’agneau à l’ail - Carré d’agneau à la crème de thym - Epaule d’agneau boulangère - Gâteau pascal
Lundi de Pâques
C’est la fête des œufs et du plein air. Si le temps le permet, les familles s’installent sur l’herbe pour déguster des œufs durs « déguisés » ou des omelettes froides, accompagnées de pain « de ménage », de pommes de terre bouillies et de pousses d’épinards. On termine avec une brioche aux œufs durs, le Campanile, dégusté aussi traditionnellement en Corse. Certains petits gâteaux à l’anis (navettes allongées, gimblettes en couronnes, croquets ) sont aussi typiques de Pâques.
Recettes gourmandes
- Gâteau d’omelettes nîmoises - Gâteau d’omelettes - Omelette à la tapenade - Pogne de Romans - Gimblettes d’Albi
Au delà de la Provence
- Bunyetes (beignets sucrés catalans très fins )
- Cornuelles (en Poitou-Charentes : petits biscuits triangulaires percés d’un trou)